Supports de culture La tourbe toujours au centre des réflexions
Augmentation de la demande au niveau mondial, prise en compte de l’impact environnemental... La filière de fabrication des supports de culture fait face à de nombreux enjeux. Tour d’horizon des perspectives avec plusieurs acteurs du secteur.
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En parallèle d’une demande mondiale en supports de culture qui va continuer à aller grandissante dans les années à venir (voir Le Lien horticole n° 1132 de janvier-février 2024, page 17), les fabricants font face à la nécessité de diminuer l’empreinte environnementale de leurs produits, tout en maintenant des niveaux de technicité et de qualité importants pour tous les publics et en répondant à des nouveaux besoins et usages.
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Volume et disponibilité
Si, sur la question de l’impact environnemental, le sujet de la tourbe vient très vite dans les discussions, « il est important d’adopter une vision globale, sans se focaliser a priori sur un seul élément », précise Selma Lagouarde, chargée de mission à l’Afaïa (syndicat français des fournisseurs de matières fertilisantes et intrants des cultures végétales).
Dans ce but, l'Afaïa mène un travail de fond de recensement et de caractérisation des différentes matières premières existantes, d’un point de vue agronomique et économique, avant de mesurer leur impact environnemental (empreinte carbone et analyse de cycle de vie). Des références existent déjà, chaque fabricant est en mesure de communiquer à ses clients l’empreinte carbone de ses produits. Growing Media Europe, alliance européenne des fabricants de supports de culture, travaille à la création d’un outil commun.
L’étude économique est primordiale : les nouvelles matières premières seront-elles disponibles en quantité suffisante pour répondre à la demande, et à quel prix ? « Souvent, ce sont des matières premières qui sont exploitées pour d’autres usages. Cela a ou aura une incidence sur leur disponibilité et leur prix », explique Jean Roudier, coanimateur de la commission supports de culture de l’Afaïa et cogérant de Klasmann-Deilmann France.
Ainsi, « le miscanthus donne des résultats plutôt probants, selon Roxane Chatel, conseillère technique chez Dumona, mais face à tous ses usages potentiels, dans l’énergie ou le bâtiment par exemple, il n’est pas certain que l’on puisse le valoriser ».
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Maintenir les qualités agronomiques
La substitution, partielle ou totale, de la tourbe est cependant bien à l’œuvre chez tous les fabricants depuis déjà plusieurs années. Fibre de bois, fibre de coco, écorce, composts, écorce compostée... L’éventail des matières premières aujourd’hui utilisées ou testées est grand, avec des propriétés physico-chimiques, mais aussi microbiologiques, différentes.
« La connaissance de ces aspects microbiologiques est très importante », insiste Jean Roudier. En effet, la stabilité et l’homogénéité des supports de culture, primordiales, en dépendent en partie. Travailler avec certains composts peut comporter des risques sur ces points. « Toutes les matières premières vont avoir des avantages et des inconvénients, et c’est souvent leur combinaison qui va donner un produit de qualité et stable. Et encore aujourd’hui, cela peut passer par l’utilisation d’une quantité maîtrisée de tourbe. »
Chez Florentaise, le développement de terreaux intégrant de la fibre de bois issue de scieries locales (Hortifibre) se poursuit. Pour Emmanuel Ranger, technico-commercial Ouest, « la réflexion, voire la bascule, vers moins ou pas de tourbe est déjà bien amorcée chez de nombreux producteurs de pépinières ou vivaces ».
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D’autres, comme Jiffy, orientent plutôt leur développement vers la fibre de coco, au travers d’une production en Asie certifiée et contrôlée. « Malgré cette provenance lointaine, son transport déshydraté limite fortement son impact. Nous travaillons aussi notre empreinte carbone à l’échelle de toute l’entreprise, détaille Michel Miribel, directeur commercial France. Cela passe par l’utilisation d’énergie renouvelable pour nos usines, d’un maximum de plastiques recyclés... »
« Sans tourbe, la gestion de l’eau reste un vrai point de vigilance, souligne Roxane Chatel. L’usage d’hydrorétenteurs n’est pas forcément une bonne idée, nous recherchons donc toujours de potentielles matières premières disponibles en grands volumes. »
Pour en savoir plus :
- Dossier du Lien horticole n° 1119 d’octobre 2022, « Substrats, ça flambe sur plusieurs fronts ».
- Dans Le Lien horticole n° 1132 du mois dernier : « L’avenir de la planète passe par les cultures hors sol », P. 29, et « Substrats, mieux connaître la granulométrie des constituants », P. 30 et 31.
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